Bonsoir, bonsoir !
J’espère que vous allez bien en cette fin de mois de février. Pour certains, les vacances d’hiver sont terminées. Pour d’autres, elles ne vont que commencer. Et pour les derniers, la dernière semaine est déjà bien entamée…
Mais on se passera de parler des retraités !
Au menu de la soirée :
✔️Pourquoi sortir de son pré carré ?
✔️Un livre du mois lu en décembre
✔️Une ambition écolo : laver moins de linge !
Le coin métier
J’ai emprunté cette expression, “sortir de son pré carré” à Emmanuel Carrère, qui l’a employé dans une interview donnée à Radio France.
Si elle désigne maintenant un domaine réservé, c’était avant tout une métaphore utilisée par Vauban dans sa définition du système défensif qu’il conseillait au roi Louis XIV.
Si pour ma part je ne comptais pas, en embrassant cette carrière, me “réserver” spécifiquement un domaine et le protéger contre d’affreuses personnes que seraient mes concurrents (je suis plutôt de celles et ceux qui pensent qu’il n’y a pas encore assez de biographes, et surtout que la nécessité d’écrire sa vie n’est pas encore assez démocratisée), mon pré carré s’entendait surtout ainsi :
Je vais écrire des biographies pour des personnes qui n’ont ni le temps ni l’envie d’écrire eux-mêmes leur vie. Je vais les enregistrer, partir de zéro et je vais faire tout le boulot.
M’ouvrir à d’autres approches du métier de biographe, bien souvent directement sur demande du client ou de la cliente, m’a permis de découvrir des histoires fortes, des personnes fabuleuses, des parcours fous et des plumes convaincantes que je n’aurais pas rencontrés sans ça.
Ma dernière rencontre en date m’a menée dans une cité HLM, un appartement quasiment vide, plus épuré, je crois qu’on ne peut pas. Une table et quatre chaises en plastique autour. Mais une volonté de fer, une ambition de ma cliente à écrire elle-même, petit à petit, son histoire à ses enfants. Pour qu’ils comprennent. D’un coup de pouce de temps en temps elle a besoin. Après une heure trente passée ensemble, elle a de quoi sacrément continuer sur le chemin qu’elle a entamé.
Mon pré carré s’entendait aussi comme ça :
À chaque fois que je vais écrire un texte biographique, il en sortira un livre. Je serai satisfaite de le voir dans ma bibliothèque.
Si je m’en tenais à cette perspective, je n’aurais pas rencontré mes deux dernières narratrices. Cette dame dans ce HLM veut raconter à ses enfants et témoigner. Mais pas en sortir un livre. Son ambition : se servir de son texte dans des groupes de parole, pour des témoignages dans sa cité et au-delà. Son texte fait juste partie de “son combat de vie” comme elle dit.
Quant à l’autre personne, si j’écris bien à partir de rien, si elle ne se sent pas capable de poser une ligne elle-même par écrit, elle ne compte pas non plus transformer le texte en livre tout beau, imprimé. Elle veut le recopier dans un carnet. Elle veut qu’un secret qu’elle a découvert récemment ne devienne pas un secret de famille sur des générations. Et ça commence, pour elle, par se faire accompagner pour trouver les mots justes pour révéler l’indicible à haute voix. Mais ce sera de manière manuscrite que ça se passera.
Alors voilà, lorsque l’on fait appel à un biographe, on se fait une idée, on projette ses envies et exploser les murs nous fait rencontrer de magnifiques personnes !
Alors voilà, si vous avez un projet, ce n’est absolument pas obligé :
✔️que vous me racontiez tout et que je tienne systématiquement la plume à votre place.
✔️que vous ayez l’ambition, l’envie, la nécessité de transformer votre texte en livre imprimé sur papier !
L’article du mois
Je ne l’ai pas mis dans le menu, c’est le plus du mois ! Mais un nouvel article est présent sur mon site, toujours sur la base d’une cartographie…
C’est ici !
Le livre du mois : Jacaranda, de Gaël Faye !
S’il m’est arrivé une aventure folle avec ce livre (l’objet livre, je veux dire) et cet auteur (je l’ai raté à Brive lors de la Foire et mon livre dédicacé s’est promené parce qu’il a été donné à la mauvaise personne qui, un jour, l’a finalement rapporté à la librairie qui était en charge du stand), ce n’est rien à côté de la nécessité de le lire.
L’histoire se passe au Rwanda essentiellement (et un peu en France) après le génocide et traite du non-dit, de ce qui se transmet avec le silence dans les familles.
Le sujet est posé dès les premières pages, lorsque Stella, une jeune fille, est hospitalisée, que sa date de naissance montre qu’elle est née après le génocide et que le médecin évoque tout de même un stress post-traumatique.
Des choses dans la famille sont cachées (je n’en dirai rien) et Stella “n’ose rien dire. Elle vient d’une histoire qui lui a appris à ravaler ses émotions, à faire couler les larmes dans son ventre.”
C’est aussi l’histoire de Milan, né en France de mère rwandaise, Milan qui ressent tardivement qu’il est “porteur d’un mystère, d’une filiation aux mille ramifications”.
C’est encore la difficulté de parler à ses enfants qui est soulevée alors qu’il apparaît plus simple à la mère de Stella de témoigner directement auprès de milliers de personnes.
Si le livre se passe au Rwanda, tant de sujets sont universels. Combien de personnes témoignent sur les réseaux sans avoir dit un mot de leur passé à leurs propres enfants ? Combien ne racontent pas ce qui s’est passé dans leur famille ?
J’ai bien entendu eu une lecture de biographe, mais ce n’est pas pour rien que ce livre a eu le prix Renaudot. Ce livre est magnifique et Gaël Faye a cette écriture fluide qui rend difficile de poser le livre.
Que cache Jacaranda ?
Une fois n’est pas coutume, je mets aussi le lien vers un extrait de son passage à La Grande Librairie en septembre 2024.
Le geste écolo du mois
Bon, il tient plus d’une ambition pour le moment ! Et il ne tient pas compte seulement de la présence d’un être à part dans la maison (une ado !) qui entasse plein de vêtements et qui ne sait pas toujours ce qui est propre ou sale. Et qui met donc tout à laver.
Il y a quelques semaines, j’ai convoqué mari et enfants devant le fil à linge et je leur ai demandé si rien ne les choquait… Bizarrement, pas grand-chose. Pourtant, moi, quelque chose me sautait aux yeux : l’extrêmement faible proportion de linge m’appartenant comparativement à eux dans chaque lessive.
Et il faut reconnaître que beaucoup d’adultes souffrent de la même habitude : mettre à laver dès qu’on a porté un vêtement une journée.
Or, pour beaucoup de choses*, tant que ce n’est pas tâché, cela peut être reporté. Sur les réseaux, j’ai trouvé quelques astuces auxquelles je n’avais pas pensé (enfin, elles se sont présentées à moi sans que je les cherche, plus exactement !) :
✔️lainages, vestes, manteaux, pantalons : quand on peut (mais on toujours au moins une fenêtre !), les mettre à aérer au lieu de systématiquement les mettre à laver ;
✔️lainages, vestes, manteaux, pantalons : les porter 10 à 15 fois avant de les laver ! J’avoue, je ne compte pas, je ne sais pas si j’en suis là, mais j’essaie d’espacer le plus possible.
✔️Le gros point qui pousse les personnes à mettre le linge à laver, c’est qu’ils n’ont pas envie de s’habiller X jours de la même manière… Dans ce cas-là, j’ai adoré l’idée : ranger les vêtements entre deux mais à l’envers pour se souvenir que ça a déjà été porté !
Encore une fois, je n’ai pas inventé l’eau tiède avec ça, mais en appliquant ces quelques petites choses :
✔️on gagne du temps ;
✔️on diminue notre consommation d’eau et d’électricité (même si j’ai bien conscience que les machines récentes sont moins énergivores que celles d’avant) ;
✔️on prolonge la vie de la machine (grave espoir, mais je ne suis pas certaine que sa mort ne soit pas programmée quand même par le constructeur…) ;
✔️on prolonge la vie de nos vêtements. Et même si on aime bien renouveler la garde-robe souvent, ils sont plus facilement réutilisables après nous !
Bon, et en écrivant des biographies de personnes âgées, on prend du recul… Avant la machine à laver, on ne se changeait pas si souvent.
*Bien sûr, je conçois que ce n’est pas valable pour tous les métiers, tous les lieux de vie, etc. Mais c’est vrai pour beaucoup de monde quand même…