Bonsoir tout le monde !
Je suis Amélie Chastang, biographe & correctrice et je suis ravie de vous retrouver pour ce premier (en vrai deuxième) numéro de l’infolettre des Mots d’une Planète.
Je ne sais pas pour vous, mais j’ai l’impression que cela fait une éternité que je vous ai adressé les vœux ! Tellement de choses se passent sur un mois…
Mais nous ne sommes pas là pour ça !
Au menu ce soir, dans :
la question de la publication de son autobiographie par le narrateur (je tiens mon programme annoncé !) ;
mes premières lectures de 2024 ;
les shorts (les vêtements, hein ! Pas les vidéos YouTube !)
Et n’oubliez pas, si vous aimez cette publication, likez 💜, commentez et partagez.👇
Le coin métier !
Dans les clients que nous rencontrons en tant que biographes, il y a deux visions opposées : les narrateurs qui pensent qu’ils n’ont rien à dire, que leur vie est inintéressante (alors qu’elles le sont TOUTES d’une manière ou d’une autre !) et ceux qui pensent qu’il faut absolument que la Terre entière lise leur histoire (j’exagère un chouia !).
Entre les deux, il y a des personnes (et de plus en plus comme dirait ma consœur Alexandra - qui a autoédité son livre d’ailleurs !) qui veulent juste publier leur livre sans une prétention énorme non plus.
Avec tout ça, on fait quoi ?
Déjà, on respecte la volonté de chacun en écoutant le mieux possible et en tentant d’orienter pour que cela porte ses fruits sans trop de déception. Et on réalise un travail d’équilibriste qu’une agent littéraire est venue me confirmer récemment (pour celles qui la suivent, non ce n’est pas Georgia cette fois !).
Oui, toutes les autobiographies peuvent être publiées, il n’y a pas de raison que Thomas Pesquet raconte sa vie dans l’espace, mais que Léopoldine ne puisse pas témoigner de son parcours hors du commun en partant d’un HLM pour terminer major de promo d’une école d’ingénieur ou encore que Corentin ne puisse publier sur l’inceste qu’il a vécu (hormis le premier bien connu, les deux autres personnes sont fictives, ainsi que leur situation - même si on peut les croiser). Elles sont toutes exceptionnelles.
Mais attention, même si votre sujet est d’actualité, même si le texte est important, il va falloir vous armer de patience si vous voulez viser grand, à savoir les grandes maisons d’édition.
Et surtout, il va falloir vous préparer à des refus…
Alors oui, toute histoire peut être éditée. Reste à savoir :
la forme souhaitée (édition traditionnelle ou autoédition) ;
le temps que vous êtes prêt à consacrer à la démarche (parce que même si le livre est publié par une maison d’édition, il va falloir faire sa promotion…) ;
pourquoi vous souhaitez qu’il soit visible en grand : aider tout le monde ? vous rassurer ? gagner de l’argent ?
quel lecteur vous cherchez réellement.
Pour ma part, je pense (mais ça n’engage que moi), que toute vie mérite d’être écrite, c’est certain. Et que même si le livre n’est imprimé que pour la famille ou les proches, ça aidera au moins une personne.
Mais je ne suis pas vous ! Et mon travail, c’est d’accompagner vos souhaits, pas les miens !
Les lectures du mois
2024 a commencé en trombe. Pas forcément en quantité, mais en qualité, c’est certain !
Kukum, de Michel Jean. Ce livre m’a été offert par une amie. Je m’y suis sentie bien. Vraiment. Dans ce livre où l’histoire se passe au Québec, nous suivons la kukum de Michel Jean, sa grand-mère, une citadine orpheline d’origine irlandaise qui a épousé Thomas, un jeune Innu qui chasse et travaille dans les bois auprès du lac Pekuakami (dans les Laurentides). Ce roman est une merveille au service de l’écologie, de l’Homme, de l’humanité avec un grand nombre de sages réflexions. Et ce roman nous montre aussi le poids de la destruction des forêts par l’homme avide de richesse… Une perle, ce livre.
“Parfois, il faut du temps pour qu’on récolte les fruits d’un arbre. Parfois, c’est toute une vie qu’il faut attendre.”
“Le bois alimentait les usines de pâte à papier et les scieries. Elles fournissaient du travail aux colons. Le progrès était enfin arrivé. Ainsi les gens le croyaient-ils. Mais la vie est un cercle. Le temps se chargerait de le leur rappeler un jour.”
Ceci n’est pas un fait divers de Philippe Besson. C’est le premier livre que je lis de cet auteur que je vois immanquablement dans La Grande Librairie chaque année. Et je crois que je vais me rattraper tellement son écriture est juste, sobre et précise. Il y a un vocabulaire riche et il tient ici une histoire tellement dure, basée sur des faits réels… Et c’est impressionnant, une fois le livre fermé, on se rend compte qu’on ne connaît même pas le prénom du narrateur, de celui qui a reçu ce coup de fil d’horreur, celui de sa sœur, 13 ans, alors qu’il était à l’école de danse de l’Opéra de Paris : “Papa vient de tuer maman.”
Avec une finesse incroyable, il raconte “l’après” de ces deux jeunes, de ces deux enfants. C’est terrible et c’est magnifique. Je le recommande à tout le monde.
“Parfois nos trajectoires sont décidées par d’autres.”
“Je me suis rendu compte que, pour le monde extérieur, nous n’étions que des victimes collatérales. Pour cette raison, on nous priait d’être des victimes invisibles et silencieuses. Et j’ai refusé de me résoudre à cette invisibilité, à ce silence.”
“Depuis, j’ai appris qu’il faut plonger dans les profondeurs pour comprendre ce qui se passe à la surface. J’ai compris aussi que l’invisible est plus parlant que le visible. Et que des bribes ne deviennent des indices que si on les relie à quelque chose d’autre, ou entre elles.”
Secrets de famille, mode d’emploi de Philippe Tisseron. La dernière citation du livre de Philippe Besson nous amène à ce livre-ci. Il m’avait été recommandé en formation de biographie. Et c’est tout bonnement impressionnant que de se rendre compte que des choses passées et non dites il y a deux ou trois générations, parfois plus, ont des répercutions dans nos vies aujourd’hui, dans nos douleurs, dans nos rapports à l’argent, dans nos relations amicales et sentimentales. Attention : n’allez pas tous vous mettre à creuser, s’il y a beaucoup de secret, il n’y en a pas dans toutes les familles !
Le mois prochain, je vous parlerai certainement de Mille femmes blanches de Jim Fergus. Pas le même endroit, mais il y a comme un écho avec Kukum !
Alors, quel livre lirez-vous en premier ?
Le geste écolo !
Je vous présente un short ! Oui oui, un short… Un short en devenir !
Des shorts donc, je n’en achète pas beaucoup à mon fils, il en a déjà plein les placards ! Il faut dire qu’il mène la vie dure à ses bons joggings dont il a du mal à se séparer (nous avons tout de même vu un gros effort au moment des fêtes pour mettre un “vrai pantalon” !) dans la cour de l’école. Ahhh le foot !
Alors voilà, ses joggings ont plusieurs vies (sachant que certains viennent de cousins précautionneux) et qu’ils la terminent raccourcis, prêts pour l’été !
Et vous, avez-vous déjà taillé un short à vos pantalons ?
P.-S. Je précise, pour l’ourlet qui va bien, je me fais aider 😬.